Marie, naissance souveraine
Lorsque j’ai rencontré Marie, elle était enceinte de 5 mois de son troisième enfant.
Venant de France, elle avait entendu un podcast sur lequel je partageais avec Magalie Serret sur ce qu’était à mes yeux vivre une Grossesse en Conscience.
De suite, tous ses sens se sont mis à vibrer,
Oui, cette grossesse était confrontante intérieurement,
Oui, elle sentait qu’elle devait dépasser ses peurs,
Oui, elle n’avait pas le choix que de plonger entièrement avec son bébé…
Elle est entrée dans l’accompagnement une Grossesse en Conscience rapidement. Elle était prête à plonger, clairement ! Tout le suivi s’est fait en ligne, entre des entretiens individuels, de couple et des échanges en groupe.
Ces deux accouchements précédents avaient eu lieu à l’hôpital, avec un souhait de physiologie mais qui n’avait pas été jusqu’au bout… prenant la péridurale en recours à un col qui ne s’ouvrait pas à dilatation complète.
Le hic, dans la santé de Marie, ce sont deux maladies génétiques, deux maladies qui aux yeux du monde médical mettent les warnings en action, estimant qu’accoucher est dangereux pour elle.
Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre que deux gynécologues avaient refusé d’accompagner Marie, estimant qu’il y avait trop de risque !
Elle se retrouvait donc dans une situation épineuse, aucune sage-femme pratiquant l’accouchement à domicile n’acceptant de la suivre.
Une seule chose était sûre, si Marie arrivait en plein travail devant un hôpital, il n’y aurait pas d’autre choix que de l’accueillir !
Le parcours de grossesse de Marie a été merveilleux, un plongeon dans l’absolu, une rencontre avec elle-même, lâchant tous les résidus de son histoire douloureuse. Merveilleux, aux yeux de la conscience… pour elle, c’était très bousculant !
Très vite, elle a pu recevoir les messages de son bébé et s’ouvrir à beaucoup plus grand qu’elle.
Elle a pu conscientiser ce qui dans son histoire faisait écho à la grande ouverture de l’accouchement ; ce qui la « brisait » et empêchait qu’elle se laisse aller, un danger pouvant à tout moment survenir… le fameux cerveau reptilien n’est pas le meilleur ami de l’accouchement ! Pour s’ouvrir, se sentir en sécurité et assurée que le corps sait est nécessaire.
Est alors survenue pour Marie et son mari l’idée d’accoucher seuls à la maison. Je les comprenais tellement… et à la fois ma casquette de professionnelle voulait de la sécurité !
C’était leur sécurité à eux, sa sécurité à elle, pas la mienne.
Ils étaient conscients à 2 des risques, ils savaient qu’au moindre doute ils iraient à l’hôpital, ils ne se sentaient pas du tout guerriers de la naissance… mais plutôt des amoureux de ce moment à vivre en intimité.
Ils ont trouvé une sage-femme qui pourrait passer chez eux pour le post-partum direct, une femme qui comprenait leur situation compliquée et souhaitait les soutenir.
Les derniers entretiens ont porté sur le couple, qu’attendait-elle de lui, qu’est-ce que lui pouvait proposer, comment chacun pouvait respecter ses propres limites et les communiquer à l’autre… Qu’ils étaient beaux dans leurs échanges ! Une profondeur et densité très belle à accompagner.
Ils ne savaient pas où aller se passer cette naissance mais tous 3, mère-père-bébé étaient dans une belle harmonie.
Souvent, je reçois intérieurement l’information sur la date de naissance du bébé, ce que je ne communique jamais aux parents.
Marie s’impatientait de voir naître son bébé, elle prenait peur que la naissance soit induite à l’hôpital…
Le jour J …
J’étais en attente d’un message me donnant l’information du début de travail, mais rien ! Aucune nouvelle ! Et pourtant au fond de moi, je savais, j’étais avec Marie et son bébé.
Dans l’accompagnement une Grossesse en Conscience, les parents qui le souhaitent peuvent m’informer du début du travail et nous échangeons ensemble sur l’avancée, les besoins, les décisions éventuelles qui doivent être prises. Mon travail de l’ombre (ou plutôt de lumière !) est alors d’accompagner le bébé à plonger dans son corps pleinement, lui donner une main subtile à distance.
Midi, toujours aucune nouvelle, je dois aller chercher mes enfants à l’école. Je sais que tout est divinement organisé pour que se fasse ce qui doit être fait… mais là, qu’en est-il ?
Les enfants et moi terminons de manger. Je sens de regarder mon téléphone : Marie vient de me laisser un message, elle a accouché ! Elle me dit que cela a été intense, qu’elle se réjouit de pouvoir en parler.
Elle a accouché seule dans sa maison !
Intense oui… Marie s’est mise en travail la nuit, mais n’y croyait pas tout à fait, elle sentait qu’elle devait continuer à dormir. Son conjoint est parti travailler, elle s’est retrouvée avec ses deux enfants en bas-âge… et un travail qui s’est intensifié ! Elle a alors appelé sa sœur qui est rapidement arrivée pour garder les enfants, celle-ci, impressionnée laissera Marie accoucher.
Le temps que son mari arrive, Marie aura plongé seule, puissante et souveraine. Sa fille et elle auront traversé le vortex de la naissance avec brio… elle s’occupera elle-même du placenta après l’expulsion du bébé.
Elles étaient prêtes, elles sont merveilleuses ! Marie me dira par la suite qu‘elle a bien senti qu’il était nécessaire pour elle d’aller dans cette puissance seule, sans accompagnant ; elle aurait pu croire que c’était la présence d’un homme, d’une sage-femme ou n’importe qui d’autre qui l’avait amenée là. Mais non ! Seule, souveraine !
Une fois le placenta délivré, notre amie fut ravie d’accueillir son homme avant que le doute et la peur ne prennent le dessus… car lorsqu’on vit une expérience forte et dense, le mental peut très vite réécrire l’histoire et créer un problème.
Dans la suite du post-partum, Marie se sentit devenir mère, vraiment profondément. Elle n’était plus la jeune fille qui avait eu son premier bébé mais apprenait à être cette femme puissante, la mère de ses 3 enfants…
Tout ça et à la fois, rien de cela, elle avait reconnecté à ce qu’elle est au fond d’elle-même, pour toujours !