Histoire d’une Fausse Couche
A notre petite abeille
(Lettre d’une maman…)
Ils appellent ça une « fausse couche » ?
J’ai entendu :
« Au moins tu as réussi à tomber enceinte, tu es fertile. Il y en a qui n’arrivent même pas à
concevoir »
« Tu sais, la nature est bien faite »
« Ça fonctionnera la prochaine fois »
« Ce n’est pas encore un vrai bébé »
« Tu sais, ça arrive à 1 femme sur 4 »
« La prochaine fois, ce sera la bonne »
« Je t’avais dit de ne pas l’annoncer si vite »
Après une longue réflexion, j’ose poster cette lettre, ma lettre, notre lettre… Nullement dans le but
de me plaindre où dans l’attente de reconnaissance d’autrui.
Je me suis juste rendue compte que les 12 premières semaines de vie du développement du bébé
peuvent être les plus compliquées pour les parents :
– La maman « doit » faire semblant de ne pas être fatiguée, de boire de l’alcool, de ne pas avoir
avoir de nausées, … faire semblant de ne pas être enceinte ; tout simplement !
– Le papa quant à lui doit être le parfait complice, pour soutenir maman et faire en sorte que le
« secret » reste entier et soit divulgué au bon moment.
Et le comble de l’histoire ? Faire semblant de ne pas avoir été enceinte lorsque que la maman subit
une fausse couche … !
Reprendre simplement le boulot, après ces quelques jours d’absences, sans encore savoir si un curetage sera nécessaire. Pour à nouveau devoir faire semblant de ne pas être triste, vidée d’énergie et laisser paraître que tout va bien.
Nous décidons donc aujourd’hui de la publier, pour tous les parents qui ont vécu une histoire
similaire et qui n’ont peut-être pas osé en parler avec leur entourage, avec le boulot, avec leurs amis,
etc.
Cette lettre est partagée pour continuer à se souvenir de toutes ces petites âmes, parties si tôt…
……
A toi notre petite abeille …
Ce bonheur, ces deux lignes qui s’affichent sur le test de grossesse, les mains tremblotantes juste de joie et d’excitation !
« Ça y est, je suis enceinte ! Ça y est, je vais devenir Maman, ta Maman »
Ces 8 semaines furent totalement magiques ! Les mains sur mon ventre, ton papa et moi, te disons bonjour tous les matins, te disons bonne nuit, te faisant des bisous, on t’exprime nos peurs et nos émotions afin que tu ne prennes rien pour toi. On essaie déjà de te protéger de notre plus belle des manières.
A 8 semaines et 5 jours, c’est le grand jour. Nous allons enfin te rencontrer ! L’excitation en pleins, ton papa qui commence à se rendre compte qu’il va devenir Père et moi, l’impatience d’entendre ton petit cœur battre si vite…
Nous rencontrons pour la première fois cette médecin gynécologue. Nous échangeons quelques mots mais elle préfère m’ausculter et puis discuter ensuite.
Et là, énorme chute libre… Une envie de vomir, de tout abandonner. Ton petit cœur a cessé de battre il y a quelques jours… Comment est-ce possible ? Nous n’avions même pas envisagé cette possibilité, cette fatalité ?!
Le monde s’écroule, notre avenir, notre rêve s’écroule en 1 seconde.
Milles questions tournoient dans nos têtes. Quand dois-je reprendre le boulot ? Des médicaments à prendre ? Est-ce que ça va être douloureux ? Combien de temps ? Pourquoi ? Qu’ai-je mal fait ?
On se tient la main ton papa et moi, on se regarde les yeux remplis de tristesse et de chagrin. « C’était son chemin, son choix… Ton choix »
Nous reprenons avec nous ces quelques images de toi, toi qui as arrêté de grandir lorsque tu avais la taille d’une abeille.
Rentré à la maison, nous ne comprenons pas bien ce qui est en train de se passer. Le docteur m’a laissé une semaine afin que tu puisses partir quand tu te sens prêt et surtout lorsque je serai prête de ne plus être enceinte, de toi…
J’ai la chance d’être entourée d’un mari qui m’aime si profondément. Ton papa est l’homme protecteur, l’homme bon qui est là et qu’il t’aimait, pour de vrai.
Ton Papa m’explique qu’il a le cœur brisé… Notre rêve se brise, me voir si triste, nous voir si triste… Mais, nous sommes tous les deux, ensemble.
Ta tatie est venue me voir le lendemain. Grâce à ses doigts magiques, elle offre la possibilité à mon corps de te laisser descendre, d’ouvrir mon utérus. Elle communique également avec mon corps.
Quel soulagement ! J’apprends que ton âme est déjà partie de mon corps. Tu as déjà commencé ton envol petite abeille. Comme je le sentais si fort, tu étais un petit garçon, notre premier petit garçon.
Tu te sens bien là-haut et tu rejoins ton Tonton qui t’accueille…
Cette annonce me soulage si fort.
Cependant, une évidence me vient à l’esprit : Ok, tu es parti en paix ; le soulagement… Mais dans mon corps, tu es toujours présent. Je suis donc en partie toujours enceinte… Le travail me revient donc à moi seule.
Accepter de ne plus être enceinte… pour le moment. Mais je ne suis pas effrayée. Pendant plusieurs jours, tu fais toujours partie de moi, tu es là, même si tu es inanimé.
J’essaie de prendre conscience physiquement et socialement que je ne suis pourtant plus enceinte d’un petit bébé vivant, afin de continuer mon cheminement. Les jours suivants, je fais de la course à pied, je bois de l’alcool, je fume des cigarettes. Je fais des choses que je ne pouvais plus faire lorsque tu étais bien présent.
Afin de conscientiser ton départ, nous te faisons exister à travers nos proches. Pour les personnes qui n’étaient pas au courant de ta présence, nous leur expliquons notre tristesse et le chemin que nous sommes en train de traverser. Parler de toi nous fais énormément de bien. Parce que oui, tu as existé, et pour nous tu as vécu pendant ces 8 semaines dans notre quotidien. Nos amis, notre famille nous réconfortent et vivent ce moment avec nous.
Quelques jours plus tard, après énormément de larmes avec ton papa, nous rencontrons une merveilleuse fée. Nous parlons de toi, de notre cheminement jusqu’à ce jour. Elle nous donne des conseils sur notre deuil. Ensuite, elle dépose ses mains son mon ventre, sur ce qui reste de toi sur cette terre. Je me relâche et elle délie ces quelques points qui se retenaient à mon utérus. Il est prêt me dit-elle. « Ton corps est prêt à le laisser partir. Maintenant, c’est à toi de lâcher prise… » L’acceptation de ne plus être enceinte. Une part de moi à peur, à peur de souffrir de douleur. Ayant eu des témoignages de personnes proches souffrants lors de ce passage, je n’étais pas en confiance.
Cette dame me rassure, la souffrance psychique est souvent bien plus forte que la douleur physique. Elle me guide vers ma préparation physique et psychique.
Ensuite, elle communique avec toi. Elle te rencontre. Quel étonnement ! Elle rit, elle rit et nous explique que tu es plein de joie de vivre. Tu danses là-haut, tu te sens bien là-haut. Tu es soulagé.
Tu n’étais pas prêt… Ton âme n’était pas prête… Nous avons ce soulagement que tu sois bien ! Mon frère te tend les bras et t’appelle « mon neveu ». Quelle émotion…
Nous acceptons ton choix, nous ne t’en avons jamais voulu. La seule chose que nous savons, c’est que nous t’aimons et que nous avons eu la chance d’être tes parents pendant 8 semaines. Tu nous as dit de continuer à nous aimer, et c’est ce que nous ferons. Je pense que nous nous aimerons encore plus fort !
Merci pour cette rencontre petite abeille.
Le lendemain matin, j’apprends à me poser et je m’enferme dans ma pièce de massage où je me sens si bien. Je te demande de partir de mon corps, de libérer mon corps. Je me sens prête.
J’ai demandé à toutes ces femmes de la famille de me tenir l’épaule et de m’accompagner dans ce cheminement. Je sais que plusieurs d’entre-elles sont passées par là. Je sens leurs présences si fortes, c’est magnifique. Je sais également que tu es là avec Frédéric.
J’écoute de la musique, je pleurs, je sautille sur mon ballon pour te faire descendre et je vis le moment présent. Ta Mamily vient dans l’après-midi me faire une réflexologie plantaire. Elle me confie n’avoir jamais ressenti quelque chose de si fort pendant une séance. Les énergies étaient si puissantes. Elle nous voit danser tous les deux là-haut pour ensuite redescendre sur terre. C’est si beau comme image.
Après ce massage, les choses ont évolué. Mes pertes deviennent rosées. Tiens, le travail commence ?
Le soir, je prends le temps de prendre l’air, de m’aérer l’esprit. Je marche en étant en pleine conscience et l’énergie coule dans mes jambes et mes pieds. Je serre un arbre dans mes bras et lui demande de me donner de l’énergie pour évacuer ce qu’il reste de toi.
La nuit fut différente ce jour-là. Je sens que je suis prête, que mon corps est prêt et je n’ai plus peur. Je sens à l’intérieur de moi, ce petit ruisseau qui coule paisiblement, des rêves surgissent pendant la nuit.
Le matin, le soulagement. Tu es en train de partir, de t’évacuer en douceur. Je t’accueille et te laisse partir en paix petite abeille. Je suis fière de mon corps et du chemin parcouru. Fière que tu puisses partir seul, sans l’aide de médicaments. Simplement lorsque tu étais prêt et lorsque je t’étais prête à mon tour…
Tu feras toujours partie de notre vie, jamais nous ne t’oublierons. Nous avons cette image de toi, notre abeille, nous t’avons laissé auprès de ton Tonton, je suis sûre qu’il te fera une petite place au cimetière, tu seras ainsi protégé.
Tu resteras à jamais notre petite abeille, notre premier petit bébé, ma première grossesse, tu m’as fait devenir maman pour la première fois, tu as fait devenir mon mari, père pour la première fois, tu nous as fait découvrir un amour profond et pur.
Merci et envole toi petite abeille.
Nous t’aimons !
…..
En réalité, une fausse couche ?
Une Fausse Couche est un deuil à faire pour toute la famille, le deuil de ce bébé et le deuil de cette âme.
Chacun le vivra à sa manière, ça c’est une certitude. Certains auront besoin d’en parler plus que d’autres. Mais sachez que vous n’êtes pas seuls. Il existe une ribambelle de moyens qui pourront vous aider. Moi j’ai trouvé les miens, et je suis sûre que vous pourrez trouver les vôtres !
A vous, parents : ce bonheur était réel, cette tristesse était légitime. Je vous souhaite de tout cœur qu’une nouvelle petite âme arrive chez vous lorsque vous serez prêts et elle aussi. La vie est pleine de surprises, faites confiance en la vie.
J’envoie de la douceur à tous ces parents pour ces bébés partis si tôt…
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Merci du fond du coeur à cette courageuse maman d’avoir partagé avec nous cette douloureuse expérience. Pour la petite histoire, un nouvel enfant est arrivé dans cette famille, il a eu une merveilleuse naissance !
Si vous vivez ou avez vécu une fausse couche, je peux vous accompagner à recevoir les messages de cette petite âme repartie, mais aussi des soins vibratoires peuvent être proposés