Eveil de la conscience et « thérapie »
Lorsque la conscience s’éveille, que le « moi » est vu comme illusoire, il reste la vie, ce qui se vit.
Pour la plupart des chercheurs, ceci est une reconnaissance profonde, il n’y a plus de point focal appelé « moi » qui aurait vécu quelque chose, voire quelque chose d’Extraordinaire, appelé éveil.
En vrai, c’est tellement banal, simple, que cela peut passer inaperçu.
Cela a été mon cas, le cas de Céline dirait-on dans un discours correctement non-duel. Le point focal, appelé « moi » a lâché, en accouchant ; ce n’était pas Céline qui accouchait, mais la vie elle-même qui se révélait sous la forme de deux êtres : ce qui prenait la forme d’une maman et d’un bébé.
Cette révélation de ce que nous sommes est naturelle, tellement naturelle, qu’on peut passer à côté.
Lorsque cela est vu, reconnu en Soi, souvent le chercheur va passer par différents stades allant de l’émerveillement, à l’effondrement, au désespoir, à la joie d’être… une série d’états différents que la conscience expérimente. Ceux-ci peuvent être vus pour ce que qu’ils sont, de simples mouvements au sein de ce qui n’a jamais bougé. Lorsque cela est pointé, Ca revient vers ce qui a toujours su, immuable.
Pour de nombreux chercheurs, lorsque Cela a été vu, la machine à laver de la vie se met en place, le fameux « après l’extase la lessive » (livre de Jack Kornfield). Et, même si, les grandes lignes sont souvent similaires, c’est un cheminement, une ouverture, individuelle qui va avoir lieu.
Taillé sur mesure, ce cheminement est propre à chaque chercheur, et il suffit d’un mot, une fleur, un pas pour que toute l’illusion, la maya s’effondre.
Lors de cette phase, il est fréquent que le chercheur ait des réminiscences de traumas, vies, croyances, limitations qui surgissent et qu’il se mettent en quête d’un thérapeute. Or, la plupart des thérapies partant du moi, le chercheur, s’il n’est pas suffisamment éclairé, peut alors continuer à croire en ce moi souffrant.
Lorsque l’accompagnant a lui-même vu la nature de la réalité, il peut soutenir le chercheur, non pas à résoudre des traumatismes, mais les reconnaître pour ce qu’ils sont : des phénomènes émergents au sein de la conscience et qui n’ont aucune densité en tant que tels. Lorsque ces phénomènes se rencontrent depuis un espace ouvert, aimant, il est vu leur transparence et cela les rend inopérants.
Le Soi n’est alors plus une fuite « d’arrière-planque », mais ça s’installe au sein du monde, tout en voyant son illusion.
Ceci m’a longuement posé question, pressentant que certains enseignants spirituels niaient une part de l’expérience en réfutant l’existence de phénomènes traumatisants. C’est à la lecture du livre de Susan Segal, Collision avec l’infini, que ceci s’est affiné.
Cette femme s’est éveillée à sa vraie nature de manière frontale et irréfutable, elle est devenue thérapeute et a accompagné des groupes vers l’éveil, son témoignage est bouleversant et à la fois, dans le partage, des aspects restent en suspens.
C’est vers la fin de son ouvrage, qu’on comprend que le retournement de la conscience n’était pas complet, notamment car de la souffrance, des réminiscences de traumatismes ayant été vécu enfant ont refait surface à la fin de sa vie et l’ont empêchée de poursuivre ses activités de transmission.
Cet exemple vient montrer l’humilité absolue des partages, mais aussi l’intérêt de la thérapie aux côtés de l’éveil non-duel pur et direct.
Chaque partie de notre humanité est à aimer, absolument tous les espaces, pour reconnaître qu’en définitive, ils ne sont que du vide !
Incredible 🙂